Dans cette rubrique, nous invitons les poètes à nous partager leurs textes poétiques en s’inspirant de la thématique en cours, ce mois-ci : LES MOTS DU COEUR. Nous remercions les poètes de leur participation.
Pour ceux et celles qui désirent nous envoyer leurs textes, veuillez nous écrire : [email protected]
NB : Les textes sont soumis à une sélection.
Soirées de poésie à Montréal
Pour informations, veuillez contacter Éric Roger : [email protected]
LE TEMPS DE S’AIMER | Par Josiane L. Perreault
Mon silence se couvre
D’une ombre ambrée
Instaurée dans l’horizon
Où les non-dits se cachent
L’envie perdure
L’impossible se brise
J’avance à pas feutrés
La coupe à blanc est terminée
Charmée irréversible
Amoureuse à contre-vents
Marée haute déchaînée
Marée basse évaporée
Contrôle abandonné
Mes silences dans ton regard
Les mots que je garde
Effrayante réalité
Dans tes caresses dictées
Désir endimanché
Bestiale attraction
Dans mes silences en marionnette
Tes douces passions
En rage d’exquis
Qui effritent la nuit
Sous mes silences qui te parlent
Mon regard sur nos fusions
Le temps qui se suspend
L’instant de s’aimer
© Josiane L. Perreault
…QUE DES PASSAGERS | Par Philippe Bonnaire
Nous sommes d’ici et d’ailleurs
Nous ne sommes que des passagers
Perdus dans cette immensité d’incompréhension
À la recherche de notre moi
Éternelle question de savoir qui sommes nous ?
Confrontés à des multiples réponses
Le choix nous semble si difficile
Il faut faire appel à la foi
Pour se donner une bonne raison
Oh est-ce bien suffisant ?
Nous ne faisons qu’exister dans un monde
Où la tolérance, le pardon
N’ont plus de valeurs à nos yeux
Nous ne sommes que des passagers
Nous ne faisons que voyager, voyager
À travers le temps fragilisé par nos actes
Dont toutes les démences ne furent qu’un pacte
Est-ce que le fait de vivre pour vivre suffit à vivre
Sans chercher à connaitre nos différences
Nous sommes d’ici et d’ailleurs
Nous ne sommes que des passagers
Auteur : Philippe Bonnaire | [email protected]
Texte extrait de l’album HARMONIA «le prix de nos actes» 1994
Copyright 1994
CISAILLE | Par Jérôme Gaudreault
Dame aux lys, ton doux regard embrase mon cœur
Ravir un touché au-delà d’une corolle
Tout au long de son corps et écarter sa peur
Pouvoir raconter l’amour sans paraboles
Tous les matins elle m’offre une larme chaude
Dévoilant tout le bonheur d’être si aimée
Bourreau maternel chaque jour avant la fauche
Caresse et arrose ses jambes affamées
Épanouis par nos tumultueux ébats
Tu abandonnes cette fragile beauté
Pour que j’offre ta fraîche fleur tout en éclat
À la femme qui pardonne mes cruautés
© Jérôme Gaudreault | www.JeromeGoPoesie.ca
CREUSE LES MOTS DU COEUR | Par Jean-Charles Paillet
Jusqu’à la vérité
Arrache les paroles à la nuit
Brise tout enfermement
Délie ta langue farouchement
Le présent est tien
Marche au son de ta voix
Avec un peu de terre et de ciel
Embrase confiant le chemin
Vers cet ailleurs
Dont le nom t’échappe encore
Tu reconnaîtras son visage
Il t’attend
© Jean-Charles Paillet | [email protected]
TISSUS DE MENSONGES | Par Alice Bergeron
Les pires mensonges
C’est à moi que je les murmure
Fragments élimés
Unis par des raccords qui jurent
Ces rapprochements de vérités floues
N’existent vraiment
Que parce que je les couds
Je surpique mes songes
De gros fils blancs
Qui tissent des vœux pieux
En vains raccommodements
J’y ajoute des froufrous
Que j’orne de guipures
Aux motifs de brocarts effilochés
Est-ce pour moi que je couds
Des coupons dépareillés
Unis par des serrements
Qui se jurent vérité
Malgré les jonctions floues
Et les bouts rabibochés?
Cousette mal aguerrie
Je pique, puis faufile
Nos étoffes fatiguées
Aux rebords défaits
D’amours déçus
Réunies en mosaïque
Par nos silences qui s’y mentaient
Je me suis battue à plates coutures
Au lieu d’en découdre
Avec cette nostalgie
De nos chaos si légers
Passepoils de velours
Œillades paisley
Baisers mousseline
J’ai voulu t’offrir
L’ourlet de mes lèvres
Réunir d’ébauches
Nos liens incertains
Pour en faire des courtepointes
Où nos corps moites et lassés
Se blottiraient au creux des mêmes rêves
Mais tu n’avais pas l’étoffe de l’amour
Tu as sorti ton coupe-fils
Défait mes coutures
Écorché tous mes plis
Abîmé mon cœur
Encore et encore
Aux arêtes du rocher
Imprenable qu’est le tien
© Alice Bergeron, mars 2014