LES IMPATIENTS : L’ART DE TRANSFORMER
Les Impatients organisent chaque année de nombreuses expositions, nous entendons parler d’eux fréquemment dans les journaux. Radu Christian Barca y travaille comme art-thérapeute. À la suite d’une entrevue, il nous explique la mission de cet organisme. Si l’art-thérapie englobe beaucoup d’approches liant la parole à l’expression artistique (cf. l’entrevue réalisée avec Alexandra Duchastel dans la dernière édition de NECT’ART), Les Impatients misent sur l’acte de création en lui-même pour venir en aide aux personnes atteintes de problèmes de santé mentale.
L’organisme offre des ateliers de groupe supervisés par des intervenants, composés à la fois d’art-thérapeutes professionnels ou d’artistes reconnus. « Nos participants créent ensemble, dans une atmosphère conviviale », explique Monsieur Barca. Il souligne que le contact humain se révèle aussi un pilier sur le plan thérapeutique compte tenu des liens étroits qui se tissent entre les participants. Les ateliers conjuguent le travail d’équipe en vue de projets collectifs et la création libre, où « c’est l’imaginaire personnel qui prime ». Si la peinture et le dessin constituent les principaux moyens d’expression préconisés par l’organisme, celui-ci offre aussi « des ateliers de musicothérapie, de composition, de bande-dessinée et d’écriture ».
Art brut
« Aux Impatients, il n’y a pas de retour sur l’image, donc l’art comme thérapie remplace la discussion », explique Monsieur Barca. L’image semble en pratique moins sous l’emprise de l’intellect et de la parole […] mais elle possède déjà une valeur thérapeutique : c’est là-dessus que se base notre approche. » Il rappelle que « l’inconscient se présente constamment à la conscience […] sous la forme d’images, comme c’est le cas du rêve. » Pour la clientèle adulte et psychiatrisée de ces ateliers, la création constitue un puissant moteur vers le mieux-être, la guérison et la transformation. Il s’agit ainsi d’une force qui « transcende les divisions de l’esprit » et engendre « la réparation des fissures de l’âme », souligne l’art-thérapeute.
Accueillant environ 200 femmes et 100 hommes par année, l’organisme possède des succursales dans différents quartiers de Montréal ainsi qu’à Drummondville et à Piedmont. La seule condition pour prendre part aux activités d’expression artistique des Impatients consiste à être suivi par un professionnel en santé mentale. « Nous avons besoin de pouvoir contacter le soignant principal en cas d’urgence », indique Monsieur Barca. Il mentionne que les ateliers deviennent une partie importante de la vie des participants et raconte fièrement que certains d’entre eux exposent maintenant dans des lieux de diffusion reconnus.
Se manifestant comme le levier d’une démarche thérapeutique, l’art prend ainsi une valeur d’autant plus essentielle. Comment ne pas vouloir découvrir le travail des Impatients ? L’ensemble de leurs réalisations artistiques (plus de 12 000) au fil des ans constitue d’ailleurs une importante collection, bien préservée et s’exposant à l’occasion. Si l’organisme présente ainsi les œuvres créées en différents endroits comme des maisons de la culture, il possède aussi sa propre galerie d’art, située au 100, rue Sherbrooke Ouest à Montréal. Réunissant sur un pied d’égalité les œuvres d’artistes professionnels aussi reconnus que Mathieu Beauséjour et René Derouin, l’exposition Parle-moi d’amour, ainsi que celles des Impatients, a été présentée jusqu’au 10 mars dernier.
Par Alexis Lapointe