La quête de l’abstraction – bref aperçu des origines de ce concept
Le terme « abstrait » est régulièrement employé en art contemporain à propos de divers styles d’oeuvres. Si nous désirons nous questionner davantage sur les débuts de l’utilisation de ce concept, nous devons nous attarder sur le tournant du 20e siècle et nous diriger vers le continent européen. En effet, nous pouvons retrouver deux principales sources d’émergence chez des artistes modernes qui souhaitent avant tout trouver une nouvelle façon de peindre. Tout d’abord, dans les pays germaniques, la recherche se concentrait sur le plan de l’expressivité de la couleur et sur la quête d’un sens plus profond dans la peinture. L’un des précurseurs de ces idées était Wassily Kandinsky. Dès 1910, il a commencé à créer des oeuvres que l’on peut considérer comme étant abstraites, bien qu’il ne les ait dévoilées qu’à partir de 1913. Plutôt que de modifier une certaine vision de la réalité, considérant que celle-ci était perçue comme un objet, cet artiste s’appliquait à y substituer une vision davantage axée sur l’intériorité. Nées de l’expressionnisme, ses idées s’orientaient vers des questionnements se comparant à ceux de la musique. Un peu plus au sud, d’autres artistes se sont également intéressés à ces idées nouvelles, issues de Paul Cézanne et de la vague cubiste qui a suivi ses avancées picturales. Dans le pôle artistique parisien des années d’avant-guerre, les peintres prônaient alors la déconstruction de la forme et de l’espace. Ces nombreuses expérimentations ont donné des résultats très variés, passant des formes strictement géométriques aux contours définis de Piet Mondrian aux explosions colorées de Robert Delaunay, pour ne nommer que ceux-là. Ces nouveaux artistes étaient désireux de créer quelque chose qui n’avait encore jamais existé, quelque chose de plus significatif et de plus durable que l’art antérieur, souvent axé sur la copie du monde ou considéré dans son aspect décoratif. Comme tout art émergent, il y a eu un bon nombre de critiques. Cependant, il faut garder en tête que ces peintres modernes se trouvaient devant un infini de possibilités. D’une certaine manière, « une peinture qui ne comporte que quelques formes géométriques peut avoir présenté, pour son auteur, tout autant de difficultés que la peinture d’une Madone en présentait pour un artiste du passé[1] ».
[1]Gombrich, Ernst H. Histoire de l’art. Gallimard, Paris, 1995. 688 p.
Véronique Bibeau, artiste et rédactrice pour NECT’ART