LE CANADA, CETTE TERRE SAUVAGE – Historique du Groupe des Sept (1912 – 1933)
L’influence du Groupe des Sept et de Tom Thomson est bien connue dans le milieu de l’art québécois et canadien. Faire état de tout ce qu’ils ont engendré pour le développement de l’art dans leur pays a donné lieu à de nombreux écrits, leur histoire étant vaste et impliquant de nombreuses idées et innovations. Conséquemment, on peut diviser le développement chronologique du Groupe des Sept en quatre étapes principales.
Ainsi, de 1912 à 1917, le groupe commença à se rassembler et à développer son style caractéristique. Pour cette étape, Lawren S. Harris fut très important en ce qui a trait à l’idée même de l’art canadien. Répondant à la demande esthétique de nouveaux riches canadiens, à l’exploration du territoire et à l’industrialisation grandissante, le milieu de l’art voulait surtout s’affirmer comme l’identité nationale. En effet, les artistes du groupe se rejoignaient dans leur vision du Canada, qui était perçu comme un pays puissant sur le plan politique. Ils cherchaient à créer un langage pictural national qui caractérisait l’esprit propre du pays, partageant les paysages du Nord canadien comme trame de fond. Faisant des centaines de croquis à cette époque, les compères se sont eux-mêmes influencés, ayant peu de contact avec l’Europe et les États-Unis.
Puis, la deuxième étape fut celle de l’expérience de la Première Guerre mondiale, environ de 1917 à 1919. En effet, plusieurs membres du groupe furent amenés à peindre les hauts faits de la guerre, devant se disperser pour un certain temps. De ce projet a résulté des images de territoires dévastés, un peu à la manière de leurs chers paysages sauvages. Les expériences de cette période ont surtout engendré des compositions démontrant le paysage et rarement des personnages.
Par la suite, la logique veut qu’une étape d’après-guerre ait lieu au sein du groupe et elle dura d’environ 1919 à 1925. Durant cette période, la vision des artistes s’est élargie, devenant graduellement plus monumentale. Les artistes explorèrent de nouvelles régions, notamment celle d’Algoma, où certains membres du groupe habitaient un vieux fourgon de train. Sur le plan formel, les œuvres s’enrichissaient, graduellement, d’une nouvelle fougue. De plus, les artistes développèrent un grand sens des proportions, de l’harmonie et de la couleur. Ils devinrent peu à peu une école paysagiste après 1920, s’affirmant comme l’école nationale des peintres canadiens. Ils utilisent abondamment la nature comme force, valorisant le paysage du Grand Nord, territoire inexploré, qu’ils interprétèrent sur une base émotionnelle. Les couleurs qui en résultèrent étaient vives, pas nécessairement réalistes. L’élément décoratif étant à la mode à l’époque, il ne faut pas négliger son influence dans l’élaboration du style du groupe.
Finalement, l’ultime étape fut celle de l’affirmation pancanadienne du groupe, qui eut lieu de 1925 à environ 1933. Dans ces années, ils ont défini plus profondément l’importance du sujet, le considérant comme critère de la peinture canadienne et imposant leur idée à l’ensemble du pays. À la suite d’une multitude d’expéditions de toutes sortes et des croquis qui en découlèrent, les membres du groupe ont perpétuellement cherché les recoins les plus imprégnés de formes, d’atmosphère et de spiritualité. Fermement convaincus que l’âme du pays devait se ressentir dans son essence même, ils furent les défenseurs d’une idéologie d’expérience mouvante, se précisant et s’approfondissant sans cesse, voulant cerner l’identité du Canada face à sa propre étendue.
BIBLIOGRAPHIE
- MURRAY, Joan et Lawren HARRIS. Le Groupe des sept, Ottawa, Éditions Marcel Broquet, 1989, 95 pages.
- TRÉPANIER, Esther. Peinture et modernité au Québec: 1919-1939, Montréal, Éditions Nota Bene, 1998, 395 pages.
- Gallery CyberMuse. La peinture canadienne des années 30, En ligne:[gallery.ca/cybermuse/enthusiast/thirties/html/catalogue](consulté le 2 novembre 2014).
Véronique Bibeau, artiste et rédactrice pour NECT’ART