Le premier tableau de la Nouvelle-France | HISTORI’ART – AVRIL 2015

Le premier tableau de la Nouvelle-France

Brève Analyse

 

La Nouvelle-France a longtemps été une colonie précaire qui tentait de survivre dans des climats politiques et météorologiques parfois très difficiles. Dans ces conditions, il est aisé de comprendre que les arts étaient bien souvent mis de côté et que les habitants visaient plutôt le travail pour leur survie. Il a fallu attendre l’arrivée d’un religieux de l’ordre des Jésuites, Claude François (1613-1685), connu sous le nom de Frère Luc, pour voir la création des premières oeuvres d’art dans la colonie. Le Frère Luc y a effectué un séjour de quelques mois en 1670. Durant cette période, il a été très productif sur le plan artistique, tentant de combler les « lacunes » des petites églises naissantes. En effet, les églises manquaient considérablement d’oeuvres pour orner leurs murs et le peu qu’elles possédaient était importé d’Europe.

 

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Claude François, dit Frère Luc

La Sainte Famille à la Huronne, vers 1671

Huile sur toile,121 X 106 cm,

Québec, Musée des Ursulines

 

C’est dans ce contexte particulier qu’a été créée l’oeuvre La Sainte Famille à la Huronne (vers 1671), présentement conservée dans la collection du Musée des Ursulines de Québec. Globalement, cette oeuvre présente le groupe iconographique de la Sainte Famille, avec les personnages de Joseph, de Marie et de l’enfant Jésus. Aux pieds de ceux-ci se tient une jeune Huronne agenouillée. À sa ceinture se trouve une médaille que les historiens ont reconnue comme étant une médaille de conversion à la religion catholique. Symboliquement, cette médaille appuie l’idée de passage d’une religion à une autre ou d’une famille à une autre.

Le sens de l’oeuvre La Sainte Famille à la Huronne ne nous est pas donné directement. En fait, le Frère Luc démontre le processus de transformation coloniale qui se poursuit dans la vie de la jeune Huronne. Cette oeuvre a été construite dans le contexte colonial et a été travaillée d’après ce modèle, ce qui en fait une oeuvre très personnelle pour l’artiste. Dans le développement de la colonie, les hommes d’Église évoquaient régulièrement les liens entre la famille en général et la Sainte Famille pour illustrer un mode de conduite exemplaire. L’oeuvre, achetée par les Ursulines, illustre l’arrivée dans le droit chemin et l’espoir du salut. La conversion était une étape importante pour les amérindiens colonisés, mais le processus se poursuivait dans le maintien d’une vie droite. Ultimement, l’accès à la vie éternelle était rendu accessible. Dans ce contexte, nous pouvons comprendre l’importance symbolique de telles images pour un peuple fortement guidé par les instances religieuse.

Pour voir loeuvre et le musée des Ursulines : [http://www.museedesursulines.com/fr/]

Pour en apprendre davantage sur les arts de la Nouvelle-France :

  • LACASSE, Yves (sous la direction de) et John R. PORTER. Une histoire de lart au Québec, La collection du musée National des Beaux-Arts du Québec, Canada, 2004, 270 pages.
  • ROBERT, Guy, La peinture au Québec depuis ses origines, Iconia, Ottawa, 1978, 221 pages.

Référence principale:

  • Notes du cours HAR-1007, Art du Québec et du Canada 1660-1920, Université Laval, Automne 2014.

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Véronique Bibeau, artiste et rédactrice pour NECT’ART

www.veroniquebibeau.com

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