À la lecture de ces poèmes, vous découvrirez de nouveaux poètes, ou de nouvelles facettes de ces poètes, qui vous inspireront. Ceux-ci avaient le défi d’écrire sur le thème H2O. Bonne lecture !
Ces rivières qui coulent en nous
«Jadis, je nageais ça et là sur les lacs» Carmina Burana
Ces rivières qui coulent en nous
que l’on suit comme
des courants inconnus
« Go with the flow »
m’a-t-elle dit dans mes rêves
au lendemain de sa mort
«Quand on sait ce que c’est»[1]
de suivre toutes ces rivières
en soi
courants emportés de la vie
Ces rivières qui coulent en nous
que l’on appelle parfois
amour, grâce ou félicité,
engagement ou peur
Ces torrents, ces cascades,
ces lacs qui nous transforment
qui nous traversent
larmes salées au seuil de notre peau
au seuil de la mort
traces, sillons
puis rides du temps
rides du vent
qui soufflent
sur nos braises
sans cesse ravivées
On n’oublie pas l’amour
ni la peur d’ailleurs
à contre-courant
à la source de la division intérieure
heureusement comme toute vie
cherchant à se lier
la chaleur de l’amour
finit par dissoudre
la peur
(1) vers de Marie Uguay
[1] Saint-Denys Garneau
© Ève Marie Langevin
I : https://evemarieblog.wordpress.com/category/projets-art/
© Habib Okê-Agbantou
H20
Elle coule, elle roule, elle batifole depuis la nuit des temps
Mais aussi,
Prête ses flots meurtriers aux pires tsunamis
Source de vie, source de mort.
Elle façonne, sculpte l’humanité, la beauté du monde
Mais aussi,
Engloutit, ravage, noie; terrifiante compagne des cyclones
Source de vie, source de mort
Essentielle, purificatrice, revitalisante
Elle crée, elle désaltère, elle guérit
Mais aussi,
Éradique, assoiffe, empoisonne
Porteuse aveugle des maux de l’humanité.
Mystérieuse par sa nature
Aujourd’hui encore elle pose question et fascine.
Scientifiques et chercheurs
lui prêtent, dit-on, nombre qualités inconnues
et peut-être même mémoire.
Vieille comme le monde, elle garde encore ses secrets
Source de vie, source de mort
Source de vie, source de mort
Un équilibre délicat
Que l’inconscience de l’humain
joyeusement déglingue, endigue, détruit.
Et la voilà aujourd’hui,
H20, notre source de vie
Elle, que l’on chante dans les légendes, les contes de fées
À qui l’on dédie maints rites sacrés
Affrontant de nombreux dragons.
Ses défenseurs n’ont qu’une toute petite voix
contre le tumulte assourdissant de ses assaillants
Elle, H2O,
Devenue l’enjeu de guerre fratricides
Souillée pour les besoins d’affairistes sans scrupule
Embouteillée par des rapaces du capital
Négligée par une foule sans respect.
H2O, saurons-nous te faire traverser cette zone de guerre
et te préserver pour l’éternité?
© Danièle Petit-Chatelet
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Au bout de mon jardin…
Coule une rivière ,mon eau claire ,mon eau vive
Tu serpentes entre plaines et vallées ,tu coules
tu coules , tu te pavanes , rien ne peut t’arrêter
Pour abreuver la terre qui nourrit l’être humain
Tu déploies tes bras pour mieux nous contenter
Tu es belle ma rivière, les arbres sur ton passage …
Se courbent devant ta beauté puisant leur courage
Pour pouvoir te combler ,ils se mettent à pousser
Les saules te saluent au passage, tu es une princesse…
Eux tes princes charmants, mais tu passes ton chemin…
Tu n’as pas le temps pas un instant, tu sais ta destinée…
Tu dois continuer ,tes eaux ne peuvent se reposer, ma douce …
Tu émerveilles la vie, tu murmures, tu chantes onde verdoyante
Enchanteresse déesse, essentielle à nos vies, m’abreuver à ta source ..
Pour moi est un cadeau, où j’aime tremper mes mains dans tes eaux
Tu te jettes à corps perdu dans un fleuve ,le fleuve dans la mer
Ainsi le cycle se perpétue et continue… la vie … l’eau à l’infini
Il me faudrait du temps pour t’honorer, un simple vers ne suffit
Alors pour un instant ,je prie le ciel de remplir tes ruisseaux
Ils deviendront rivières pour parcourir encore un long chemin
Sur tes berges folles je promène ma mélancolie, à te voir si belle
Mon cœur se met en joie, je connais ton parcours, je ne peux te suivre
Je jette dans tes eaux un peu de mes pensées qui vont t’accompagner
Et tu n’oublieras pas… qu’un jour je t’ai aimée jolie rivière vagabonde
Demain tu reviendras, tu seras toujours là au bout de mon jardin…
Pour longtemps, pour toujours… belle rivière de mes amours.
© Edwige Simon
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Écumant
Trois lacs au nord des ans –
Grises chapelles. Nipigon. Granet. Eau Claire. Les harmonies vacillent dans ce nocturne – entre larmes et cris de lynx.
La sphaigne
recèle
des yeux
des cônes
d’extase
Terre
mortes restent
les eaux
taillées
en silex
Ô fleuve d’âpre lumière. Glaise ornée – Chopin. Je t’appelle,
tes veines ouvertes novembre, tes heures d’airain troué, tes neutres écorces.
L’élégie saigne. Brûle sec, se ravive. Écume
au seuil d’un air
© Anatoly Orlovsky
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