« Le fauvisme a étépour nous l’épreuve du feu…
Le grand mérite de cette épreuve fut d’affranchir le
tableau de tout contact imitatif et conventionnel. »
André Derain
Le 18 octobre 1905, les portes du Salon d’automne s’ouvrirent au Grand Palais de Paris, laissant entrer un flot de visiteurs dans une pièce particulièrement scandaleuse. Cependant, avant d’aller plus loin dans ce sujet, notons bien l’effervescence dans laquelle se trouvèrent plusieurs artistes parisiens l’été précédent. En effet, dans le domaine des arts plastiques, une intense dualité entre les souvenir et les désirs s’était installée. Celle-ci fut d’ailleurs particulièrement présente chez les jeunes artistes de cette époque. À la suite de la vague impressionniste qui envahit la France quelques décennies plus tôt, peu de remous s’étaient produits chez les artistes peintres. La plupart d’entre eux avaient exploré en profondeur des tendances issues ou dérivées de l’impressionnisme, tel le pointillisme de Georges Seurat. À partir de 1895, Claude Monet fit un nombre incroyable d’expositions. En 1900, Auguste Renoir fut exposé jusqu’à New York. Dans ce monde où les grands maîtres n’avaient plus à défendre leur art moderne, les jeunes artistes cherchaient un moyen de faire voir la fougue de leur jeunesse, souhaitant se libérer, d’une certaine façon, du poids du passé.
Ainsi, la salle VII de l’exposition du Grand Palais comporta, entre autres, des oeuvres de Derain, Marquet, Matisse et Vlaminck. Celles-ci étaient inondées de couleurs vives, de larges touches, d’empâtements et de lumière. Au milieu d’entres elles, un buste d’enfant fut installé. Le critique Louis Vauxelles qualifia cette installation commettant « Donatello chez les fauves » et l’expression resta.
Le patriarche du groupe des Fauves, Henri Matisse (1869-1954), fut une des figures marquantes du modernisme français. Ses premiers paysages furent issus du pointillisme, utilisant toutefois un chromatisme plus violent. Les multitudes de touches employées pour rendre la sensibilitédu paysage commencèrent peu àpeu àse rassembler en des surfaces plus homogènes. La couleur cessa également d’être imitative. Parmi les oeuvres qu’il présenta au Salon d’automne, il y eut La Femme au chapeau (1905). Cette oeuvre reçu, àprime abord, de nombreuses critiques, pour ensuite devenir l’une des oeuvres emblématiques de ce bref mouvement.
Un autre protagoniste de ce groupe fut AndréDerain (1880-1954). Son œuvre Pont sur le Riou (1906) est une huile sur toile qui décrit un paysage urbain du Sud de la France. Les touches de couleurs y semblent juxtaposées, plutôt que superposées. S’inspirant des travaux de ses prédécesseurs néo-impressionnistes, Derain divise la couleur pure. Il recherche, àsa manière, les effets de l’utilisation de la couleur primaire et de la vibration des couleurs complémentaires. De plus, chez les Fauves, les éléments furent pratiquement toujours synthétisés, cherchant l’essentiel de ce que l’on veut représenter et mettant de côtél’aspect psychique des oeuvres.
Pour en savoir plus :
– Dossier Pédagogiques du Centre Pompidou. [http://mediation.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-Fauvisme/index.html]
– JEANCOLAS, Claude. L’art Fauve. Éditions FVW, Paris, 2006, 198 pages.
– LABRUSE, Rémi et Jacqueline MUNCK. Matisse-Derain, La vérité du Fauvisme, Éditions Hazan, Paris, 2005, 360 pages.
BIBLIOGRAPHIE
- DAGEN, Philippe et Françoise HAMON. Époque contemporaine, XIXe siècle – XXIe siècle, Flammarion, Paris, 2011, 628 pages.
- FARTHING, Stephen. Tout sur l’art: Mouvements et Chef-d’Oeuvres, Canada, Hurtubise, 2010, 578 pages.
- FONT, Olivier (Centre Pompidou). Mise à jour en février 2011, Le fauvisme et ses influence sur l’art moderne, [http://mediation.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-Fauvisme/index.html#derain] (page consultée le 10 mars 2014).
- JEANCOLAS, Claude. L’art Fauve. Éditions FVW, Paris, 2006, 198 pages.
- LABRUSE, Rémi et Jacqueline MUNCK. Matisse-Derain, La vérité du Fauvisme, Éditions Hazan, Paris, 2005, 360 pages.
- MUSEUM OF MODERN ART. Mise à jour en 2004, André Derain, Bridge over the Riou, [http://www.moma.org/collection/browse_results.php?criteria=O%3AAD%3AE%3A1500&page_number=9&template_id=1&sort_order=1] (page consultée le 10 mars 2014).
- RUBIN, William et Matthew ARMSTRONG. The William S. Paley Collection, The Museum of Modern Art, New-York, 1992, 180 pages.
SOURCE DES IMAGES
- Museum of Modern Art. [http://www.moma.org/collection/object.php?object_id=83381] (page consultée le 4 mars 2014).
- Museum of Modern Art. [http://www.sfmoma.org/explore/collection/artwork/213] (page consultée le 16 juin 2014).